au mardi 30 juillet 2024
À l’occasion de la sortie du film THE BIKERIDERS réalisé par Jeff Nichols, il nous a paru évident d’inviter le photographe Polo Garat pour venir exposer sa série photo FAUSTiN’.
« Je voulais savoir pourquoi mon cousin était venu ici, je trouvais ça tellement loin il n’avait pas eu vraiment le choix m’avait on dit. Il venait chaque année en vacances à Barcus son village natal au pays basque, et quand il partait il mentait sur sa date de retour, il n’aimait pas les au revoir trop dur pour lui il avait le mal du pays. C’était mon cousin d’Amérique, il était gentil et discret, généreux aussi, une fois il avait envoyé un fusil à pompe automatique à cinq coups par la poste à mon père, je me souviens du jour où on l’a reçu par la poste à Barcus, j’avais trouvé ça génial. Il avait fait un peu fortune en bossant comme un noir et un mexicain dans son restaurant basque à San Francisco, tous les jours même le dimanche, après il avait acheté le restau puis l’appart et l’immeuble de l’appart, c’est comme ça là bas il disait avec son accent d’américain. Pourtant il répétait toujours qu’on avait de la chance de vivre à Barcus, je ne comprenais pas pourquoi. Il aimait les belles voitures, les grands espaces et ses proches, c’était un gars tout simple qui vivait en Californie, il roulait en Mercedes 250 SL de 1968 et prenait toujours 2 places de parking pour se garer parce que là bas ils ne conduisaient pas très bien. Il m’invitait chaque année me payant le billet mais je ne suis jamais parti le voir, à l’époque je n’aimais pas les États Unis j’avais les idées arrêtées, j’étais un peu con. Il s’appelait Faustin Mazéris, le seul Faustin que j’ai connu de ma vie et c’était mon cousin de Californie, je ne me fais pas de film il avait la tête du jeune Marlon Brando, il n’y a pas de hasard aux choses. La Californie je l’ai faite en vieille moto, un road trip avec les copains de San Clémente à San Francisco. Entre lumières et grands espaces, cette fois ci j’y étais. C’est pas du cinéma comme à Barcus devant la télé c’est tellement mieux en vrai, on doublait tout le monde, on fonçait comme des trains dans la nuit. J’ai bien compris que je ne ferai pas l’erreur d’aller vivre là bas, si j’étais vieux ou blindé peut être, mais cela ne m’arrivera pas. » Polo Garat
POLO GARAT
Natif de Barcus en Soule, la province du Pays basque la plus orientale où il possède un studio photo aménagé dans l’ancien garage auto de son père, Polo Garat emmène partout avec lui ce sens inné de l’ouverture au monde. Son œil aime se poser aussi bien sur les terres d’Afrique, d’Amérique Latine ou des Caraïbes jusqu’en Californie pour mieux retrouver ses terres ancestrales près de ses amis, bergers, restaurateurs, chasseurs, femmes et hommes mais aussi arbres, bitumes et animaux qui lui donnent ce sentiment d’éternité. S’il quitte son pays natal pour des virées à moto avec ses copains, il en profite pour réaliser des images qui le relie à la grande épopée de l’ouest américain de ses rêves d’enfant mais aussi des virées typique des films des années 70.
Texte écrit par Claude Nori