LE SANG DE GINETTE

« Ginette, ma grand-mère, a 84 ans et chasse depuis toujours. Tous les matins, qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige, elle sort faire le tour du bois. Son habileté à manier les armes, à pister les bêtes, la dextérité avec laquelle elle les tue, tout cela m’a donné envie de passer mon permis de chasser. Moi qui, lors de parties de chasse, aurais plutôt tendance à m’identifier à Bambi, j’espère réussir à changer de camp… Le sang de Ginette coule-t-il dans mes veines.»

SAMEDi 29 AVRiL À 17H15

Séance d’écoute en présence de la réalisatrice Sonia Cabrita

Je suis née en banlieue parisienne le 5 aout 1976. C’est la sécheresse. Les vaches mangent la terre. Des paysans se suicident. Ma mère a 18 ans, elle m’allaite et tire son lait nourrissant ainsi plusieurs prématurés. Le médecin arrive, suivi par sept jeunes internes. Sans un mot, sans un regard pour elle, il soulève sa blouse et leur présente « les mamelles de la France »
 
J’ai été serveuse en patins à roulette, étudiante en Histoire à Jussieu, sélectionneuse de blé expérimental en plein air, vagabonde sur les traces de Jean Rouch au Moçambique, réalisatrice de films documentaires plus ou moins ratés, preneuse de son sur les pentes de l’Etna un jour d’éruption, détentrice du permis de chasser et bientôt de piégeage, lauréate de la bourse Brouillon d’un rêve sonore de la SCAM et récemment, j’ai commencé à faire du tir à l’arc à cheval.
 
Je réalise des documentaires sonores, j’anime des ateliers de création radiophonique, notamment de fiction collective, je fomente des émissions avec des radios associatives et je programme des séances d’écoute avec un gout prononcé pour le plein air, la rue, les rives d’un lac, les sous bois et pour les dispositifs d’écoute à la croisée du salon d’écoute et de la fête foraine.
 
Je m’’intéresse aux petits faits vrais et troublants, aux formes de narration cultivant le trouble entre documentaire et fiction et je cherche à matérialiser en sons ce qui nous relie dans le non verbal.
 
Annie Ernaux disait hier à la radio que l’âge idéal se situait pour elle entre 45 et 60. Justement, j’ai 45 ans et je commence à me sentir à ma place. A faire du cinéma pour les oreilles, à jouer avec les sons, les mots, la profondeur, le trouble, à oser enfin raconter des histoires de blouse et de fer à repasser, d’amour et de fusil de chasse.

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