ANORA

Dans la lignée de ses films précédents, Sean Baker reste à l’écart de tout regard moralisateur. Ici comme dans TANGERINE, THE FLORIDA PROJECT ou plus récemment RED ROCKET, les personnages ne cherchent ni à plaire ni à déplaire. Chacun se déploie devant nos yeux et ne cesse de nous surprendre car malgré une image façonnée, voire même gangrenée par le statut et les conditions sociales, ils ont tous une dimension profondément humaine et touchante.

Si le film dénonce avant tout les inégalités sociales où les rapports humains sont régis par l’argent, la manière choisie par Sean Baker est proche de la comédie, parfois burlesque, rappelant délicieusement le cinéma de Wilder ou de Lubitsch. Sa mise en scène passe habilement de séquences frénétiquement intenses à des plans posés proches d’une mise en scène théâtrale où les situations deviennent plus désopilantes les unes que les autres. Que ce soit dans les cadres, la musique, le jeu d’acteur, sans oublier le rythme du montage (signé par Sean Baker), nous assistons du début à la fin à une performance qui ne laisse pas de place au doute : ANORA est bel et bien une Palme d’Or !