EO

À tous ceux qui renâcleraient quelque peu à passer 1h28 en compagnie d’un âne, aussi doux et attachant soit-il, sachez que nul n’est besoin d’être un fanatique de la cause animale pour apprécier à sa juste valeur l’extraordinaire odyssée sensorielle et visuelle que constitue EO (traduction du polonais HI-HAN). Que ce coup de force – qui est aussi un hommage à Bresson et à son AU HASARD BALTHAZAR – soit le fait de Jerzy Skolimowski, cinéaste de 84 ans à la carrière un peu erratique (auteur de films aussi différents que le marquant DEEP END en 1970 ou ESSENTIAL KILLING en 2011 avec Vincent Gallo), est assez amusant, tant il est la preuve que l’audace n’est en rien l’apanage de la jeunesse.

Le film nous plonge ici dans un voyage ébouriffant, où tout, la beauté vertigineuse des plans, la bande son et la musique, les péripéties du récit, en passant par le regard bouleversant de son héros si malmené, contribuent à faire de nous un spectateur, certes secoué par la vision si désabusée d’un monde déboussolé, mais aussi émerveillé par autant de cinéma à l’état pur.