LIMONOV, LA BALLADE
Festival de Cannes 2024, en Compétition
Tout à la fois militant, révolutionnaire, dandy, voyou, majordome ou sans abri, il fut un poète enragé et belliqueux, un agitateur politique et le romancier de sa propre grandeur. La vie d’Edouard Limonov, comme une trainée de soufre, est un voyage à travers les rues agitées de Moscou et les gratte-ciels de New-York, des ruelles de Paris au cœur des geôles de Sibérie pendant la seconde moitié du XXe siècle.
Il n’est pas surprenant que le très « punk » Kirill Serebrennikov, cinéaste et dramaturge vivant aujourd’hui en exil à Berlin, se soit intéressé à la figure de Limonov, autre « enfant terrible » de la Russie et figure politique assez sulfureuse. En adaptant le livre d’Emmanuel Carrère (qui apparaît d’ailleurs brièvement dans le film), l’auteur de LETO et de LA FiЀVRE DE PETROV dresse le portrait en noir et blanc de ce personnage ambigu incarné ici avec beaucoup de verve par Ben Whishaw. Faire de Limonov un vaurien héroïque, voilà la ligne directrice de cette ballade libre, foisonnante, miroitante, et où les transitions, entre les époques et les séquences, sont bluffantes.
On pourra regretter que le cinéaste, sans doute emporté dans son élan ou un peu trop fasciné par son personnage de tête brûlée, passe un peu vite sur sa dégringolade politique et sur son adhésion à l’idéologie rouge-brune, prémices de la vague nationaliste qui touche aujourd’hui le continent européen…