ANSELM (LE BRUIT DU TEMPS)

ALLEMAGNE
2023 1h33
Réalisé par Wim Wenders
avec Anselm Kiefer, Anton Wenders, Daniel Kiefer

Séance spécialeFestival de Cannes 2023 

Une expérience cinématographique unique qui éclaire l’œuvre d’un artiste et révèle son parcours de vie, ses inspirations, son processus créatif, et sa fascination pour le mythe et l’histoire. Le passé et le présent s’entrelacent pour brouiller la frontière entre film et peinture, permettant de s’immerger complétement dans le monde de l’un des plus grands artistes contemporains, Anselm Kiefer. 

Wim Wenders n’en est pas à son coup d’essai en matière de portrait d’artiste : on se souvient de PiNA en 2011, film dansé autour de la légendaire chorégraphe. Le cinéaste pose ici son regard sur l’œuvre d’Anselm Kiefer, artiste né comme lui en 1945, et dont les installations souvent monumentales ne cessent d’interroger de manière assez fascinante l’histoire et le passé nazi. Wenders le suit dans ses ateliers gigantesques, notamment en France, près de Paris ou de Nîmes. Il observe l’artiste au travail et montre que toute création porte aussi sa marque de destruction, dans une alchimie visuelle, sonore, littéraire et poétique. Le tout en attendant son bel opus de fiction PERFECT DAYS, à venir en novembre… 

 

Un artiste raconte un autre artiste.

Le cinéaste est l’ami du pasticien Anselm Kiefer.

Anselm, c’est un copain.

Tous deux sont nés la même année, 1945, au milieu des ruines de la défaite allemande.

Nulle chronologie dans cette œuvre cinématographique éclatée, à l’image des toiles, des installations monumentales de Kiefer qui allient plomb, plâtre et toile en une savante alchimie.

Comment décrire le traumatisme, les tourments, les non-dits de l’indicible autrement que par ces œuvres gigantesques qui tantôt collent au réel, commes les avions vestiges de la guerre, tantôt recèlent, dans le chaos et l’allusion, les tourments, le vague à l’âme né de l’héritage inacceptable?

Surgissent des bribes de l’enfance, tout de même, évocation intermittente d’un ordre qui a peut-être tenté d’exister, qui aurait pu assigner un sens unique à la vie.

A coups de flashs et de magnifiques prises de vue, le récit, qui se refuse à se construire de manière linéaire, donne quelques clefs à cette œuvre magistrale qui produit surtout de l’envoûtement, tourne autour de cette histoire allemande qu’il faudrait bien reconstituer pour ne pas céder au vertige de l’autodestruction ou de de la haine de l’autre.

 Wim Wenders, dont on connaît la force de l’empathie, l’humanisme, à l’oeuvre dans d’autres documentairess au nombre desquels Nick’s Movies, Pina, Le sel de la terre, s’efface encore devant son sujet.

Pourtant, comment ignorer ses talents de photograhe, sa générosité dans ce bel hommage à une réelle connivence d’artistes qui brouillle, par un jeu de miroirs, et grâce à la 3D, la frontière entre peinture et cinéma.                                                   

Par Jackie Willems, membre de l’association Cinéma & Cultures

 

 

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